Associate Professor à UCF
Dr. Amelia Lyons est Associate Professor à la faculté d’histoire de l’Université de Central Florida (UCF). C’est la première personne que j’ai rencontrée à UCF fin 2017 et qui m’a encouragé à reprendre mes études en histoire. Elle a une passion pour l’enseignement et met tout en œuvre pour faire grandir ses étudiants et leur transmettre les compétences professionnelles nécessaire pour leur future carrière.
Depuis que j’ai intégré le programme de Master en Histoire de UCF, elle a été pour moi un soutien et une guide incroyable. Au travers de ses cours et des projets qu’elle m’a permis d’intégrer, elle m’a enseigné les méthodes de recherche des historiens, m’a fourmi les outils nécessaires à la rédaction du livre de Raymond et surtout m’a toujours encouragé à sortir hors de ma « zone de confort ».
Sans le parcours qu’elle m’a fait suivre, le livre de Raymond n’aurait jamais existé. Aussi, il me semblait important de lui donner la parole pour que vous aussi vous puissiez la découvrir :
Pouvez-vous vous présenter ? Quelles sont vos compétences ? Quel est votre domaine d’étude ?
Merci de m’avoir invitée à participer à votre projet, Marie. Je suis Amelia Lyons, historienne à l’Université de Floride centrale. J’ai obtenu mon doctorat en histoire française en 2004 à l’Université de Californie, Irvine. Mon travail, y compris mon livre, Civilizing Mission in the Metropole : Algerian Families and the French Welfare State (Standford : 2013), se concentrent sur les intersections de la décolonisation et de l’État providence. J’enseigne l’histoire française, les guerres mondiales, l’impérialisme, l’histoire des femmes et les méthodes historiques à UCF.
Quel est votre parcours?
J’ai toujours été intéressée par l’histoire et la France. Mon grand-père utilisait des expressions françaises et lorsque j’ai appris une chanson en français pour ma remise de diplôme à l’école maternelle, il était très fier. J’ai commencé à apprendre le français dès que ce fut possible à l’école.
J’ai suivi une double spécialisation à l’université en français et en histoire, et je me suis plus particulièrement intéressée à la guerre d’Algérie et à l’immigration. Etant également la fille d’un ancien combattant de la guerre du Viêtnam, je me suis plongée dans l’histoire de la guerre d’Algérie, rédigeant mon mémoire de licence sur l’histoire de l’existentialisme pendant cette guerre de décolonisation sanglante. Lorsque j’étais en France, j’ai également appris beaucoup de choses sur ce qu’on appelait la « question de l’immigration », et j’ai fait le lien entre les deux sujets lorsque j’ai entamé mes études supérieures. J’ai découvert que la manière dont les organismes de protection sociale – publics et privés – abordent les services aux femmes révèle des informations sur des récits historiques qui sont souvent manquants ou cachés. Mon travail a mis en lumière la migration des familles algériennes et leur installation dans l’hexagone, qui avait été oubliée, et qui est essentielle pour comprendre la relation longue et complexe de la France avec son empire et avec les citoyens musulmans dont les vies et l’histoire sont une partie vitale de l’histoire nationale Française.
Je travaille actuellement sur un projet qui cherche à retracer les héritages du colonialisme français dans l’Afrique de l’Ouest francophone nouvellement indépendante, en examinant comment les ONG ont construit des programmes de développement pour les femmes dans les zones rurales du Niger et du Sénégal.
Quel est votre poste et votre mission à UCF ?
Je donne des cours d’histoire européenne en licence et en master, y compris ceux que j’ai mentionnés ci-dessus. J’ai été directeur de notre programme d’études supérieures et je dirigé deux projets de recherche collaborative centrés sur les étudiants. J’ai toujours recherché des moyens innovants pour impliquer les étudiants et les aider à acquérir et à utiliser, de diverses manières, des compétences clés. J’ai invité des survivants de l’Holocauste à s’exprimer, j’ai créé un partenariat avec une école locale de langues pour que les étudiants de UCF participent bénévolement à un programme d’enrichissement linguistique après l’école. Programme qui a bénéficié à la fois aux élèves de l’école élémentaire et à ceux de UCF.
J’ai développé Florida France Soldiers Stories (FFSS) en tant que projet semestriel dans le cadre de mon cours de méthodologie historique. Mes étudiants apprennent ce que Marc Bloch appelait le « métier d’historien » en recherchant et en écrivant la biographie d’un Floridien qui a servi en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, qui a fait le sacrifice ultime et qui repose dans l’un des cimetières de l’American Battle Monuments Commission (ABMC) en France. Pour moi, ce qui rend ce projet si merveilleux, comme d’autres sur lesquels j’ai travaillé, c’est sa nature symbiotique. Mes étudiants apprennent beaucoup et terminent avec une publication qu’ils peuvent mettre sur leur CV. Dans le même temps, les Américains qui ont combattu et sont morts, un peu près au même âge que mes étudiants lorsqu’ils suivent le cours, sont valorisés, commémorés et honorés. Mon travail avec FFSS a incité un historien de la National Cemetery Administration (NCA), une branche du ministère américain des anciens combattants (VA), à contacter UCF lorsqu’il a lancé le Veterans Legacy Program (VLP). UCF est devenue un partenaire inaugural de la NCA en 2017, un programme sur lequel vous avez travaillé pour la première fois, Marie, en 2018. VLP vise à étendre la commémoration des anciens combattants enterrés dans les cimetières nationaux en Floride grâce à des programmes éducatifs. Aujourd’hui, nous travaillons avec des enseignants de la primaire à la terminale dans tout l’État de Floride, en les aidant à utiliser l’histoire des anciens combattants pour enseigner à leurs élèves toute une série de sujets, notamment l’histoire et l’éducation civique.
Comment êtes-vous intervenu dans le projet « Raymond, 1939 : mon grand-père avait 20 ans ? »
Lorsque vous êtes arrivée à UCF, Marie, en 2017, vous m’avez fait part de votre intérêt à raconter l’histoire de votre grand-père. Mon rôle, en tant que conseillère, a été de vous former en tant qu’historien, de vous donner les outils dont vous aviez besoin pour raconter son histoire. Nous avons travaillé ensemble à de nombreux titres, dans des cours de licence et de master, dans des projets de recherche en collaboration, notamment FFSS et VLP, et dans mes cours lorsque vous avez servi d’assistant de recherche de master dans mon cours de méthodologie de licence. Ce fut un honneur de vous aider dans cette aventure et de vous aider à acquérir les outils pour faire de ce rêve une réalité.
Sur quels autres projets travaillez-vous ? Comment les Anciens Combattants de la Second Guerre mondiale peuvent-ils encore servir aux jeunes générations et à la société Américaine, 80 ans après la fin du conflit ?
Je pense que nos élèves apprennent énormément en découvrant les expériences de chaque ancien combattant. Je sais que des projets similaires existent en France, avec plusieurs initiatives de financement participatif visant à numériser les dossiers des anciens combattants de la Grande Guerre. Pour moi, l’apprentissage des expériences individuelles rend l’histoire plus vivante pour les élèves. Ils découvrent un contexte plus large en s’intéressant à une personne, ce qui fait que le contexte, qu’il s’agisse de la Grande Dépression ou de la Résistance française, a pour eux une importance qu’ils n’auraient pas eue dans un cours traditionnel.
Au fur et à mesure que les étudiants avancent sur leur recherche, ils s’attachent à la personne qu’ils étudient. Ce soldat devient LEUR ancien combattant. Une élève m’a dit un jour que son ancien combattant n’avait jamais eu la chance d’avoir une famille et qu’elle allait le considérer maintenant comme son grand-père. Ils apprennent à connaître leur propre communauté. Lorsque nous avons cité le lieutenant Donald Ross comme exemple dans le cadre d’un nouveau projet de cartographie, un élève s’est écrié qu’il connaissait la route Donald Ross. Il connaissait Ross Plaza, il avait grandi à proximité, mais il n’avait jamais su qui était Donald Ross. C’est ainsi qu’il a découvert qu’il s’agissait d’un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale originaire du comté de Palm Beach, en Floride, tué dans les Vosges en décembre 1945, peu de temps avant que la 45e DI eut participé à la libération du nord de l’Alsace.
L’exemple de Donald Ross illustre parfaitement l’importance de ce projet et son coté symbiotique. Il relie mes élèves à l’histoire – à leur propre histoire locale, aux noms des rues près de chez eux, ainsi qu’ à la France et à l’histoire de la France. J’ai beaucoup d’enthousiasme pour l’enseignement et ce projet me permet de relier mes élèves à mes passions – la France et les anciens combattants qui ont servi pendant la Seconde Guerre mondiale.
Avez-vous, vous-même, une histoire familiale en lien avec la Second Guerre mondiale ?
Oui, j’ai de forts liens familiaux en relation avec Seconde Guerre mondiale. En fait, c’est ce qui a généré mon intérêt pour l’histoire. Mes quatre grands-parents ont vécu et servi pendant la guerre. Le père de ma mère, John Fiebelkorn, a servi dans la 191e artillerie de la 43e DI dans le Pacifique Sud. Il était déjà dans l’armée en 1941 et elle l’a prolongé d’abord d’un an, puis jusqu’à la fin de la guerre. Il n’a pas vu ma grand-mère pendant plus de quatre ans. Le père de mon père, Leo Lyons, a servi, également dans le Pacifique Sud, comme premier lieutenant dans le corps des Marines américains. Mes deux grands-pères ont assisté à des batailles brutales et, bien qu’ils ne se soient rencontrés que des années plus tard, Leo a toujours cru que les barrages d’artillerie lancés par John et ses camarades, lui avaient permis de rester en vie sur les plages de Cape Gloucester, de Peleliu et d’Okinawa.
Bien que je sois une fervente défenseuse de l’histoire des anciens combattants, j’ai toujours considéré ce terme de manière plus large. Toute personne ayant servi, sous l’uniforme ou d’une autre manière, devrait voir son histoire valorisée. La mère de mon père, Eileen Callahan Lyons, a été aide-soignante dans un hôpital pendant la guerre, et la mère de ma mère, Helen Barbaritz Fiebelkorn, a été contremaître à l’usine aéronautique Cutris de Buffalo, dans l’État de New York. Elle supervisait les hommes et les femmes qui construisaient les avions Alliés. La guerre a façonné leur vie, et la compréhension que j’en ai eue, même petite fille. Elle a façonné ma relation avec eux et ma vision du monde. Mon désir de leur rendre hommage a toujours joué un rôle important et c’est une raison pour laquelle je suis devenue historienne et pour laquelle je demande à mes élèves d’apprendre l’histoire de la Seconde Guerre mondiale au travers de vies individuelles.
Livre publié par Dr. Amelia Lyons aux Presses Universitaire de Stanford (2013)
Book description:
France, which has the largest Muslim minority community in Europe, has been in the news in recent years because of perceptions that Muslims have not integrated into French society. The Civilizing Mission in the Metropole explores the roots of these debates through an examination of the history of social welfare programs for Algerian migrants from the end of World War II until Algeria gained independence in 1962.
After its colonization in 1830, Algeria fought a bloody war of decolonization against France, as France desperately fought to maintain control over its most prized imperial possession. In the midst of this violence, some 350,000 Algerians settled in France. This study examines the complex and often-contradictory goals of a welfare network that sought to provide services and monitor Algerian migrants’ activities. Lyons particularly highlights family settlement and the central place Algerian women held in French efforts to transform the settled community. Lyons questions myths about Algerian immigration history and exposes numerous paradoxes surrounding the fraught relationship between France and Algeria—many of which echo in French debates about Muslims today.