Bernard Ulsemer dirige I.D. Edition, la maison d’édition qui publie le livre Raymond, 1939: mon grand-père alsacien avait 20 ans.
Depuis combien de temps êtes-vous dans l’édition ? Quel est votre parcours? Pouvez-vous nous donner un petit historique d’ID l’Edition ?
Après plus de 30 ans passés dans l’imprimerie, déjà au contact du monde de l’édition, j’ai eu envie à mon tour de créer en 1996 ma propre structure éditoriale. Sachant d’avance que le défi ne serait pas simple, partant de zéro client et zéro livre mais avec l’ambition de réussir mon projet, je me suis lancé dans l’aventure, à tout de même 48 ans.
Les premières années ont été plutôt difficiles : il me fallait lancer les premiers projets et acquérir l’expérience si précieuse aujourd’hui. Je voulais également, mettre en avant ma Région : l’Alsace, ou il y a tellement de choses à dire et à faire découvrir.
Pour arriver à faire vivre ma société, il a fallu beaucoup d’efforts et une part de chance. Notamment en 2003-2004 qui furent des années très difficiles.
Après beaucoup de persévérance et plus de 450 ouvrages réalisés, je peux aujourd’hui être fier de faire partie, sans prétention et en toute modestie, des éditeurs de référence en Alsace.
Notre qualité éditoriale, nous la devons principalement, et je les en remercie, aux auteurs et aux photographes, qui par leurs savoir-faire et leurs regards, nous ont permis de proposer au public les livres de qualité que vous connaissez.
Il aura fallu ainsi, plus de 15 ans d’existence, pour être reconnu dans le milieu de l’édition : tant du point de vue des auteurs, des collectivités et institutionnels, que des libraires.
En février 2009, nous emménageons enfin dans nos propres locaux, ici, à Bernardswiller. C’est le fruit de 40 ans de travail et de persévérance qui voit ainsi le jour. Cet environnement exceptionnel (je répète souvent aux personnes qui nous cherchent de mettre en adresse dans leur GPS « Le Paradis ») nous permet de travailler dans une ambiance sereine et familiale, un esprit apprécié et partagé avec nos auteurs et partenaires.
Quelle est la ligne éditoriale d’ID Edition ?
Tout au long de ces années, nous avons réalisé des ouvrages valorisant le patrimoine, l’histoire et les traditions de notre région, l’Alsace qui nous tient tant à cœur.
Qui sont les membres de l’équipe d’ID Edition ?
Il y a Damien, depuis 20 et Philippe, depuis 6 ans, nos magiciens, qui non seulement réalisent les maquettes mais s’impliquent plus largement dans la coordination des projets.
Nathalie, qui me seconde depuis 8 ans dans notre activité de diffusion. Elle est très appréciée de nos clients, en librairies et boutiques, et sa polyvalence est précieuse à l’échelle de notre structure.
Je tiens aussi tout particulièrement à remercier ma compagne Nicole, qui a toujours des difficultés à comprendre mon manque d’envies de vacances. Personnellement, éditer un ouvrage n’est pas un travail, mais que du bonheur en contribuant à sa naissance.
Est-ce qu’ID Edition a déjà publié des récits ou des mémoires d’Alsaciens dans la Seconde Guerre mondiale ?
Nous avons déjà publié un certain nombre de livres sur des récits et des mémoires d’Alsaciens
- « Ma Vie » et « Kleber après Kleber » du Général Bayard
- « Voué à disparaître » de René Baumann
- « Roger Simon » engagé volontaire dans la 2ème DB.
- « Miroir de la Noblesse alsacienne » de Marc Glotz etc.…
Nous éditons également les catalogues de Musées, Beaux-arts et Etoffes de Mulhouse
Bartholdi de Colmar, Oberlin de Waldersbach…
Pourquoi avoir publié le livre de Raymond ? Qu’est-ce qui vous a intéressé dans ce projet ?
J’ai souhaité publier ce livre, car toutes histoires régionales sont toujours intéressantes à découvrir.
Quelle relation avez-vous avec la période de la Seconde Guerre mondiale ? Vous a-t-elle impactée vous ou votre famille ? Avez-vous un incorporé de force dans votre famille?
Je n’ai pas souvenance d’avoir été impacté par la seconde guerre mondiale, mes parents étant de la modeste classe ouvrière et à l’époque les fins de mois étaient souvent difficiles. Nous étions 5 enfants. Mon père avait été bléssé en Russie, il faisait parti des incorporés de force, mais n’a jamais souhaité en parler, souvenir peut-être trop douloureux. Il avait dans le dos, façon de parler « un trou » du à l’impact d’une balle qui lui avait perforée un poumon. Il était né en 1919 et avait à peine 20 ans quand la guerre a débuter.
Cela vous semble-t-il important que les générations futures se souviennent de cette période complexe de l’Alsace ? Pourquoi ?
Il est toujours important de se souvenir de ce qu’on subit nos parents et grands-parents et par quelles difficultés ils ont dû passer. Une grande partie de la jeunesse semble l’oublier, étant solliciter en permanence sur les réseaux sociaux et autres. Dommage ! Il y a encore 15 ans, les alsatiques se vendaient à 1500 exemplaires au minimum. Aujourd’hui il est quasiment impossible d’y arriver, les anciens, plus curieux de leur histoire, étant logiquement toujours moins nombreux.
